Dazibao

Le gouvernement verhofstadt II, malgré ses effets de manches - annonce de 200.000 nouveaux emplois en quatre ans, par exemple ! - pourra-t-il réellement mener autre chose qu'une politique d'extrême-centre ? Déjà des tiraillements se font sentir entre les partenaires de cette coalition qui a tout du hoche-pot : entre les libéraux néo-socialisants et les socialistes privatiseurs, l'électeur a du mal à faire la part des choses. Les membres du MR se font les sirènes du social tandis que les socialistes noient déjà le rouge de leur vin d'une bonne dose d'amnistie fiscale...

Les uns devront rénoncer à une bonne part de leurs visées sociales tandis que les autres feront leur deuil de leurs cadeaux à un patronat toujours plus exigeant en réductions de charges sociales.

Cette contradiction permanente ne peut se concilier que par une politique centriste, politique qui frustrera plus d'un électeur. Car, à part les militants convaincus par les discours pré-électoraux musclés, qui peut croire que tout distingue vraiment ces vieux routiers de la politique ? L'électeur lambda, lui, loin de ces subtilités casuistiques fera-t-il vraiment la distinction ? Il y a gros à parier, qu'au contraire, il se réfugiera dans des partis extrêmes. La Belgique n'est pas un cas isolé : les dernières élections présidentielles françaises ont connu plusieurs phénomènes que l'on retrouve grosso modo dans tous les pays occidentaux : d'abord une chute inquiétante du taux de participation. Ensuite, une ascension fulgurante de l'extrême-droite. Et enfin, un basculement des voix de gauche, traditionnellement socialistes, vers des partis d'extrême-gauche dont on croyait l'idéologie moribonde : de Laguillier à Krivine en passant par Besancenot, c'est le spectre du trotskisme qui vient narguer les souvenirs de jeunesse de l'ami Jospin.

Si notre gouvernement ne tient pas compte des besoins de plus en plus criants de pans entiers de la population, il risque bien de faire les choux gras des extrêmes : PTB à gauche et Blok et Front national à droite.

Sortez les édredons : la prochaine législature pourrait bien être la plus soporifique du siècle.