Joueb.com
Envie de créer un weblog ? |
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web. |
On croyait le surréalisme fini, avec le décès de Chavée, de Mariën, de Magritte : eh bien non, définitivement non !
Qu’on en juge :
Un détenu du centre semi-fermé (en l’occurrence, il s’agirait plutôt d’un centre semi-ouvert) s’est évadé depuis plusieurs semaines. On aurait pu croire que l’homme en cavale allait se cacher, éviter soigneusement tout contact avec les autorités judiciaires, c’eut été logique. Logique, mais pas belge.
Non, le premier coup de fil du cavaleur a été pour… le Ministère de la Justice. Celui-ci ne prenant sans doute pas la requête de notre homme suffisamment au sérieux, il n’abandonne pas pour autant : de sa plus belle plume, il écrit au Ministre à peu près ceci :
« Je porte la voix de mes co-détenus. Nous ne pouvons plus supporter l’attitude de nos gardiens. Ceux-ci s’adonnent à la dive bouteille ce qui les rend absents, trop tolérants ou agressifs. »
Soulignons au passage le sens moral exceptionnel de nos détenus : on se demande pourquoi on enferme des personnes si abstinentes alors qu’une bonne partie de la population libre ne peut pas en dire autant.
C’est d’ailleurs l’argument principal du directeur de ce centre qui – à l’inverse des gardiens qui nient en bloc – admet qu’il y a dans son institution quelques problèmes d’alcoolisme, mais pas plus que dans l’ensemble de la société. On se demande dès lors pourquoi les détenus en font tout un foin. On attend avec une impatience non dissimulée la suite qu’accordera l’administration pénitentiaire à cette affaire belgo-belge…
Autre cas intéressant, les chemins de fer :
La SNCB, la société de chemin de fer national, informe les usagers sur les retards probables des trains et sur l’état des voies, par le canal d’une des radios régionales. Hier, elle annonce sans sourciller que les trains Anvers-Bruxelles auront dix minutes de retard aux heures paires pour cause de travaux sur les voies. Que faut-ils comprendre : que les cheminots travaillent une heure sur deux ? Que seuls les conducteurs de trains des heures paires sont assez prudents pour ralentir lors des travaux ?
Même nos dirigeants ne sont pas à l’abri du virus surréaliste : le Sénat belge doit, ces jours-ci, décider de voter ou non une loi en faveur du vote des immigrés ne ressortissant pas d’un État-membre de l’Union européenne.
Comme souvent (toujours ?) Wallons et Flamands sont divisés sur la question. Une commission a été désignée qui devait rendre son avis avant-hier soir. Les débats ont duré toute la nuit et, vers 6 h 30, les Sénateurs ont décidé… de ne pas décider et de reporter les débats à la semaine prochaine.
Que s’est-il passé ? Les débats ont-ils été à ce point houleux que l’on a dû séparer les Sénateurs lors d’empoignades féroces ? L’examen des propositions était-il si approfondi et les débats si riches qu’une nuit n’y a pas suffi ?
Non. Plus prosaïquement, les Sénateurs flamands, toutes tendances confondues, ont saboté ces débats de plusieurs manières : en demandant, par exemple que 154.000 demandes de naturalisation soient réexaminées pour déterminer ce qui a pu motiver un refus. En profitant de ce que le temps de parole n’est pas limité dans l’enceinte sénatoriale pour vanter les mérites de l’économie thaïlandaise – c’est ainsi que les Sénateurs à moitié comateux de sommeil ont appris que 477 thaïlandais sur 1.000 possèdent une machine à laver et que 122 heureux parmi eux regardaient la télé sur leur propre poste. Même si une certaine idée de la solidarité permet de se réjouir pour le confort nouvellement acquis nos frères thaïs, on peut toutefois s’autoriser à penser que cela n’a pas réellement fait avancer la cause des immigrés en Belgique. Martine Vandemeulebroucke, journaliste du Soir, parle même de « flibuste parlementaire. » (1)
Les débats reprendront la semaine prochaine : cela signifie que les partis flamands disposent d’un week-end pour mettre au point de nouvelles stratégies pour ralentir les débats. On se délecte déjà en supputant par avance le nombre d’aspirateurs des ménages algonquins ou la quantité d’hectolitres de chouchen que les Bretons consomment en moyenne sur une année…
Si vous entendez, le soir, aux abords des cimetières louviérois ou athois des cris étranges, des cliquetis inquiétants, ne vous effrayez pas : c’est Magritte et Chavée qui se gondolent et s’esbaudissent de ce que des Sénateurs les battent sur leur propre terrain. Surréalisme pas mort. La Belgique est intacte. Pour combien de temps ?
(1) Voir le site : www.lesoir.be
Commentaires :
ImpasseSud |
Marco, |
Marco-Bertolini 16-11-03
à 14:42 |
Re:Merci, Impasse Sud, pour tes compliments qui me touchent beaucoup. C'est vrai que le monde semble devenu fou, surtout vu par la lorgnette télévisuelle... Mais la culture belge possède à un très haut degré l'art de l'autodérision, qui sait ? à cause d'un complexe d'infériorité par rapport au voisin français et c'est une sorte d'hommage à l'humour belgo-surréaliste que je rends en écrivant cet article. |
Visiteur 09-12-03
à 15:29 |
Re: Re:hello marco, je suis francais et chez nous le surrealisme n'a plus aucune credibilite; comme l'art en general.en cherchant sur internet nous pouvons lire "art du 20' siecle...est il mort?faut il se contenter de toutes les merdes mediatisees made in usa ou les niaiseries europeenes sans interet? vous les belges avez su preserver cet etat d'esprit non lucratif et reelement innovant par rapport aux autres mouvements.comment pourrai t'on faire pour pisser sur cette fourmilliere et remettre l'art a sa vraie place?
|
à 12:52