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Chez les amis
Le Livre noir du colonialisme

Un ouvrage coordonné par Marc Ferro

Cet ouvrage collectif est construit sur le même principe que le "Livre noir du communisme", paru chez Robert Laffont il y a quelques années.

Ce livre avait suscité des réactions passionnées entre les deux bords : les tenants du libéralisme, qui félicitaient les auteurs pour leur travail de bénédictin et pour la révélation tant attendue des crimes du communisme, considéré comme un totalitarisme à l'instar du fascisme. De l'autre côté, chez les militants de gauche et d'extrême gauche, c'était l'amertume et la dénonciation d'exagérations volontaires, destinées à salir une dernière fois un ennemi tombé à terre.

Le Livre noir du colonialisme n'a pas connu - et ne risque pas de connaître - le même destin. D'abord il n'a fait dans les médias qu'une apparition brève et anodine. Ensuite, si les partis d'extrême-gauche ont progressé de manière fulgurante lors des dernières élections présidentielles en France, le parti communiste, lui, n'a même pas franchi la barre fatidique des 5 % : il ne représente donc plus un danger pour personne et on peut jouer les héros à bon compte en le conspuant sans craindre un revers, fut-il électoral. Enfin, les mentalités évoluant, plus aucun parti - pas même le FN - n'oserait aujourd'hui se réclamer du colonialisme ou de la mission civilisatrice de la France...

Cet ouvrage est articulé en cinq parties :

1. L'extermination : celle des Indiens des Caraïbes, exténués dans les mines ou pour le plaisir des "découvreurs", d'Amérique du Nord où, entre les guerres, les maladies et les déportations, il restait peu d'espace pour la survie. Celle aussi, plus méconnue, des Aborigènes d'Australie dont Alastair Davidson, l'auteur de ce chapitre nous fait découvrir l'ampleur et la brutalité.

2. La traite et l'esclavage : Marc Ferro décrit la déportation des millions d'Africains tandis que Pap Ndiaye examine la situation particulière du Sud des Etats-Unis, société et culture tout entières bâties sur l'exploitation de l'autre...

3. Dominations et résistances : ce long chapitre détaille les figures du colonialisme en Asie, aux Amériques, en Afrique et permet une comparaison instructive - points de convergences et spécificités locales ou régionales - des différents systèmes de colonisation par les différentes nations impérialistes (France, Angleterre, Amérique et Belgique, en Afrique centrale).

4. Le sort des femmes : le chapitre le plus court de l'ouvrage, contribution d'Arlette Gautier, qui éclaire les pressions particulières et les humiliations supplémentaires qui s'abattirent sur les femmes colonisées (pressions sexuelles, enfants tués ou enlevés dès la naissance, situation sociale inférieure à celle des hommes en esclavage ou sous la tutelle du colon...).

5. Représentations et discours : où il est démontré que les représentations de l'autre (en littérature, dans les discours politiques, au cinéma, dans la chanson populaire ou dans des exhibitions du genre "zoos humains") provoquent, entretiennent et légitiment les pratiques les plus humiliantes, les attitudes les plus négatrices d'autrui.

Enfin, dans l'épilogue "Qui demande des réparations et pour quels crimes ?" Nadja Vuckovic résume les demandes de réparations qui émergent aussi bien de l'Amérique noire que des Indiens d'Amérique ou des Polynésiens dont les ancêtres peuplent les musées du monde entier. (1)

Contrairement à ce qui survient souvent dans ce type d'ouvrage, on ne sent pas la répétition, au fur et à mesure des contributions, des mêmes thèmes ou des références identiques : cela tient sans doute à la coordination de l'oeuvre et à son découpage en chapitres suffisamment différenciés.

Un ouvrage incontournable pour qui veut comprendre ce phénomène quasi-universel qu'a été le colonialisme et combien s'il a profité à certains, il a écrasé la vie des autres...

Le Livre noir du colonialisme : XVIe-XXIe siècle : de l'extermination à la repentance, sous la direction de Marc Ferro, Paris, Editions Robert Laffont, 2003, 843 p.


(1) Voir à cet égard mes articles sur les Hommes de Kennewick et de Spirit Cave, ainsi que mon compte rendu du livre de Gérard Badou sur la Vénus Hottentote ou sur le livre "Zoos humains".  Voir également L'esclavage aux Etats-Unis.

Pour en savoir plus sur les génocides liés au colonialisme : cliquez ici.

Ecrit par Marco-Bertolini, à 20:37 dans la rubrique "Lire libre".

Commentaires :

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11-12-03
à 20:01

Lien croisé

Entre mer et maquis - Australie, les Aborigènes récupèrent une partie de leurs t : "e ton article sur les Aborigènes.  Que le gouvernement australien rendre une terre aux "natives" est un bon signe.  Qui sait, le premier pas d'un long voyage ?Pour ma part, j'ai été très douloureusement touché par le récit de la colonisation criminelle de l'Australie par Alastair Davidson dans le Livre noir du colonialisme, sur lequel j'ai écrit un article.Alors que la traite des Noirs est connue et condamnée par une majorité d'Occidentaux, le massacre des Aborigènes et les conditions atroces qui leur ont été faites pendant plusieurs siècles (et qui durent encore aujourd'hui) n'est connu que d'une minorité de spécialistes.Il me semble que c'est une cause qui mériterait mieux.  Ton article c"



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