Dazibao

C'est un cuistre que ce mot : du grec anthropos, l'homme, du latin maxima qui signifie le plus grand et de nouveau du grec logos, la science, l'étude.

L'anthropomaximalogie est donc la discipline qui vise à maximiser, à deployer aussi loin que possible, les potentialités humaines.

Ceci concerne évidemment les extropiens, ces personnes persuadées que l'homme biologique est surpassable et que des extensions bioniques, électroniques, informatiques voire génétiques sont non seulement possibles, mais souhaitables.

Mais, au vu du progrès réalisé dans les sciences dures (physique, biologie), les sciences appliquées (électronique, informatique, nanotechnologies) et les sciences de l'homme (neurobiologie, psychologie cognitive, etc.), ceci risque bien de nous concerner tous et pas plus tard qu'aujourd'hui.

Le clonage, la réserve d'organes, et d'autres "progrès" sont déjà à l'ordre du jour et d'autres n'attendent que quelques ajustements mineurs pour faire leur entrée.

Bien sûr, tout n'est pas à jeter dans ce bouillon de culture post-humaniste : la génétique nous permettra non seulement de guérir, mais de prévenir certaines maladies pour l'instant incurables. Une culture d'organes nous permettra de remplacer un foie usé par une pièce d'origine garantie...

Mais cette production, comme toutes les autres, est menacée par une maladie qui affecte toute la culture soi-disant post-moderne : la culture du gadget.

Dès qu'un nouveau processus est en voie de développement, notre marché de l'inutile pointe son vilain nez et détourne les meilleures intentions du monde au profit du kitsch, de l'absurde, du médiocre.

Vous croyez que j'exagère ? L'industrie du vivant a déjà commencé. Alors que la Commission européenne vient d'accepter le principe de l'implantation d'OGM dans certains produits, des firmes d'aquariologie mettent au point des poissons sur mesure pour collectionneurs, avec fluorescence de l'ensemble de l'animal ou de certaines de ses parties, au choix. Voir à ce sujet cet article du Monde diplomatique.

Nul doute que lorsque nous serons en mesure de produire des clones en quantités industrielles nous verrons fleurir des teints bleutés, des sexes surdimensionnés ou multiples, des mutants de quatorzième catégorie...

Ce qui me fait peur dans ces nouvelles potentialités, ce ne sont pas tant les dangers souvent dénoncés sur la morale, la perception de ce qui fait l'humain (voir les ouvrages de Jean-Claude Guillebaud) : c'est l'insondable bêtise humaine dont Flaubert disait que, seule, elle pouvait donner une idée de l'infini.