Dazibao

Dans un petit article de la série "humeurs" paru y a quelques jours, je disais combien je me sentais peu citoyen d'une Europe strictement économique.

Le Pape a demandé aux auteurs de la constitution européenne d'intégrer dans ce document une référence aux valeurs chrétiennes de l'Europe.

Le Président du Sénat italien lui emboîte le pas : selon lui, si les citoyens de l'Europe ne se sentent pas européens, c'est parce que "l'Europe elle-même ne se sent pas européenne" et qu'il semble même qu'elle ne possède pas "le sens de sa propre histoire".

Ce n'est pas un passionné d'histoire comme moi, convaincu que les identités régionales et nationales se construisent sur des thèmes historiques, légendaires et/ou de mémoires collectives qui le contrarierai.

Mais à l'identité chrétienne, Pera ajoute les dimensions juive et grecque, ce qui déborde et rectifie quelque peu l'initiative papale.

Pera ajoute qu'il ne veut entreprendre de guerre de religion contre personne, mais que l'Europe doit savoir qui elle est pour pouvoir se défendre le jour où elle sera prise pour cible.

Je ne crois pas que les attentats terroristes islamiques prennent pour cible les chrétiens européens. Ce qu'ils prennent pour cible, c'est l'arrogance de certains dirigeants américains, c'est non pas la spiritualité (les musulmans ont, à de rares exceptions près, toujours respecté les "gens du livre"). Ce qu'ils visent, c'est le matérialisme débridé, la course au profit, l'asservissement du Proche Orient aux seuls intérêts occidentaux.

Sans doute y a-t-il quelques fanatiques religieux qui peuvent s'en prendre à tout ce qui diffère de leur propre vision du monde. Mais je ne crois pas qu'ils forment la majorité des populations islamiques.

Affirmer l'identité de l'Europe comme terre de cultures et de traditions philosophiques ce n'est pas la même chose que de transposer au niveau européen un succédané nauséabond de nationalisme, ni un marketing transnational : c'est affirmer sa spécificité tout en respectant celle d'autrui. Là, je suis d'accord avec Pera : nous devons savoir qui nous sommes. Non pas pour affronter quelqu'un d'autre, mais pour nous y confronter et dépasser, ensemble, nos différences.


Pour lire l'article de la Repubblica, cliquez ici.

Pour lire l'article "Toujours plus d'Europe, toujours moins de citoyens", cliquez ici.