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Chez les amis
La radio publique américaine est-elle vraiment publique ?
--> Selon une enquête de FAIR, on peut en douter
L'Amérique adore donner des leçons de démocratie et ses médias se vantent d'être un vrai quatrième pouvoir. Pourtant, depuis le Watergate, les médias ont bien changé et on assiste à un virage à droite de la plupart des moyens de communication, surtout des privés. Du moins, c'est ce que pensaient la plupart des Américains, surtout ceux de droite, avant que FAIR, un observatoire indépendant des médias ne s'intéresse à la radio publique, National Public Radio.

Cette radio est-elle vraiment différente des vecteurs de communication privés soumis aux impératifs publicitaires et penche-t-elle vraiment "à gauche" comme l'en accusent les conservateurs ?

FAIR a examiné les programmes de NPR à la loupe et ses conclusions sont loin d'être idylliques.

National Public Radio


Lorsqu'elle est née, en 1971, NPR s'est jurée d'être "une alternative aux médias commerciaux" qui "ferait la promotion du développement personnel plutôt que du profit des entreprises". Elle serait l'écho de "nombreuses, voix, de nombreux dialectes".

Qu'en est-il 33 ans plus tard ? C'est ce que nous révèlent Steve Randall et Daniel Butterworth.

Le président de la radio, Kevin Klose, insiste sur la dimension de service public de son outil : “All of us believe our goal is to serve the entire democracy, the entire country" : Nous tous, nous croyons que notre objectif est de servir toute la démocratie, le pays tout entier".

NPR n'est pas un petit média : c'est une radio qui dispose de 750 stations et de 22 millions d'auditeurs.

Mais, peut-on vraiment entendre le public sur cette radio ? Et NPR est-elle vraiment une alternative à ses concurrents commerciaux ? Où bien sont-ce les mêmes élites, les mêmes sources influentes que sur les autres médias qui sévissent sur NPR ?

Un travail de bénédictin


Randall et Butterworth ont enregistré toutes les sources citées pendant le mois de juin 2003 dans les rubriques d'information suivantes : "All Things Considered", "Morning Edition","Weekend Edition Saturday" et "Week-end Edition Sunday". Chaque source a été classifiée par profession, genre, nationalité, et appartenance à l'un ou l'autre groupe d'intérêt. Cette étude comprenait 2.334 sources figurant dans 804 news...

En outre, FAIR a étudié de près les think tanks (1) les plus souvent cités par NPR. Pour ce faire, l'étude a porté sur les mêmes rubriques d'information mais pendant quatre mois, de mai à août 2003.

Randall et Butterworth démontrent clairement que NPR citent les mêmes élites - membres du gouvernement, experts professionnels et des représentants d'entreprises - que ses concurrents commerciaux : elles constituent même 64 % de toutes les sources de la radio.

Les membres du gouvernement actuel ou passé forment la source de loin la plus importante de toutes avec 28 %, ce qui représente une augmentation de 2 % par rapport à une étude menée en 1993.

Les journalistes forment 7 % des sources de NPR. Parmi eux, 83 % travaillaient également pour des médias commerciaux dont 16 pour le New York Times et 7 pour le Washington Post, considérés tout deux comme des représentants particulièrement influents de l'intelligentsia américaine.

Cinq sources seulement
provenaient de médias non-commerciaux tels le Bulletin of the Atomic Scientists ou le National Catholic Reporter.

Toutefois, les sources n'appartenant pas aux élites sont en augmentation puisqu'on en cite 31 % pour 17 % seulement en 1993. Parmis elles, on trouve des travailleurs, des étudiants, des représentants du monde associatif, etc. Cette augmentation résulte nettement de celle de la catégorie "public général", gens interviewés dans la rue et dont l'activité n'est pas mentionnée. Dans 37 % des cas, le nom n'est pas cité. Ces sources "public général" constituent 21 % des sources de NPR.

Les représentants du monde associatif et des groupes citoyens comptent pour 7 % des sources, soit le même taux qu'en 1993. Ce groupe, même s'il ne représente pas un pourcentage élevé est tout de même deux fois plus nombreux que dans les médias commerciaux selon une étude menée par FAIR en 2002.

Les voix "de l'intérêt public" sur NPR reflètent un vaste éventail d'opinions, depuis les groupes les plus conservateurs tels le "National Right", le "Life Committee" (groupe anti-avortement) ou le Texas Eagle Forum, jusqu'aux groupes progressistes tels Code Pink ou . Les organisations représentées sont des organismes politiques, des fondations, des groupes d'éducation permanente, des mouvements pour les droits de l'homme... 87 % de ces sources apparaissent dans des news relatives à la politique intérieure.

Les sources identifiées comme "travailleurs" représentent... 2,3 % du total, avec 1.8 % aux Etats-Unis et le reste d'ailleurs...

Un homme sur cinq est une femme

Si les femmes étaient dramatiquement sous-représentées en 1993 (19 %), elles le sont toujours en 2003 (21 %). En outre, elles ne forment que 15 % des experts interrogés et 18 % des sources interrogées dans le cadre d'informations politiques...

Dans les informations sur l'Irak, elles constituent 13 % des sources interrogées. Alors que 47 % d'entre elles étaient des sources anonymes interrogées en rue, seuls 22 % des hommes se trouvaient dans la même situation... 33 % des experts interrogés à propos de l'Irak étaient des femmes pour 66 % d'hommes. Les femmes représentaient 17 % des sources journalistiques, 12 % des sources d'entreprises et 12 % des membres du gouvernement... La seule catégorie où les femmes se retrouvaient plus nombreuses que les hommes est celle des étudiants (12 femmes et 11 hommes). Les femmes et les hommes étaient à égalité dans les informations familiales et militaires (sic !).

Six femmes sont apparues 3 fois. Sur ces 6, 4 étaient des membres du gouvernement : Condoleeza Rice, la Secrétaire de l'Intérieur Gale Norton, Nancy Pelosy, leader démocrate à la Chambre et Janet Napolitano, gouverneur démocrate de l'Arizona. Abigail Thernstrom, du très conservateur "Manhattan Institute" et Mary Sue Coleman, Présidente de l'Université du Michigan clôturent la liste des femmes les plus entendues sur NPR.


Une radio de gauche ?

Lors de l'annonce de la création d'une radio libérale (2) Air America, les ténors du conservatisme ont répliqué qu'une telle radio existait déjà et que son nom tenait en trois lettres : NPR. Même les milieux progressistes américains considèrent que NPR est la radio qui représente le mieux leurs intérêts.

Randall et Butterworth ont pourtant découvert que les sources conservatrices étaient plus souvent citées que les sources démocrates : 61 % contre 38 %. Même lorsque Clinton était président (lors de l'enquête FAIR de 1993) les Républicains l'emportaient sur les Démocrates avec 57 % contre 42 %.

Conformément à la dichotomie politique américaine, des représentants d'autres partis sont inexistants à l'exception notable de quatre militants du parti libertarien (3) entendus dans l'émission "Morning Edition " du 6 juin 2003.

Non seulement, les Républicains forment la source la plus importante de la radio, mais celui d'entre eux qui bat tous les records est... George W. Bush, apparu 36 fois sur les ondes pendant le mois de juin 2003. Il est suivi, de loin, de Ronald Rumsfeld (8 fois) et du Sénateur Pat Roberts (6 fois).

Les Sénateurs Edward Kennedy, Jay Rockefeller and Max Baucus sont les Démocrates les plus souvent entendus avec 4 fois chacun.

Aucune source non-gouvernementale n'apparaît plus de 3 fois...

A part le Secrétaire d'Etat Colin Powell, toutes les sources du top 10 sont des membres du gouvernement de race blanche...

A droite toute !

Lorsqu'on examine les think tanks qui nourissent les informations de NPR, force est de constater qu'ils penchent plutôt à droite...

En 1993, 10 d'entre eux ont été cités au moins deux fois. En 2003, leur nombre atteint 17 institutions citées en tout 133 fois ! Les think tank étiquetés à droite apparaissent 62 fois pour 15 institutions de gauche et 42 du centre...

Le think tank le plus cité est le Brooking Institution (groupe centriste) qui apparaît 31 fois. Il est suivi du très conservateur Center for Strategic and International Studies qui est cité 19 fois et par le centriste Council on Foreign Relations qui fait 17 apparitions. L'institution de gauche qui apparaît le plus souvent est l'Urban Institute avec 8 citations.

Parmi ces institutions, les inégalités sont encore plus criantes qu'au sein des autres sources d'informations : les femmes en constituent un petit 10 % et les gens de couleur un insignifiant 3 %. Seul des hommes de race blanche sont cités plus de deux fois, les plus fréquemment cités étant Anthony Cordesman du "Center for Strategic and International Studies" (8 apparitions), Michael O’Hanlon (7) and E.J. Dionne, tous deux représentants du "Brooking Institution" (6).


Les sources de NPR sont plus diversifiées et plus apolitiques qu'autrefois


Alors que l'enquête de 1993 révèlait des inégalités criantes en matière de représentation chez les commentateurs, celle de 2003 est plus nuancée. En effet, pendant une période de 4 mois, 133 commentateurs sont apparus au moins une fois. 46 d'entre eux sont apparus plusieurs fois et sont donc catalogués comme "commentateurs réguliers". Les femmes, avec 11 commentatrices, forment 24 % du total, ce qui n'est pas beaucoup mais est déjà mieux que les 15 % de 1993...

La représentation des communautés ethniques est plus aléatoire : les Afro-Américains comptent pour 13 %, les Asiatiques 3 % et les Latino-Américains 2 %. Les 80 % restant sont des Blancs non-latinos... Ce nombre croît encore chez les commentateurs réguliers, Blancs à 96 %, l'exception étant la dessinatrice Lynda Barry, d'ascendance européenne et philippine...

Selon le dernier recensement, les Blancs non-latinos constituent 69 % de la population américaine, les Afro-Américains, 12 % et les Asiatiques 4 %. Les Latinos-Américains, qui représentent 13 % de la population sont les plus mal représentés avec 2 % de commentateurs de cette origine, à l'exception des Amérindiens qui, formant 1 % de la population américaine ne sont pas représentés du tout parmi les commentateurs...

Malgré les quelques progrès réalisés depuis 1993, 60 % des commentateurs de NPR sont toujours des hommes blancs. Cela représente 25 % de moins qu'en 1993 (sic !) mais cela montre bien que NPR ne fait pas beaucoup mieux que ses concurrents commerciaux. Le "Top 5" des commentateurs est composé de : Frank Deford, commentateur sportif qui apparaît 16 fois, suivi de John Ferstein (13), Andrei Codrescu (11), Ron Rapoport (6) et Daniel Pinkwater (5). Ces cinq hommes fournissent 35 % des commentaires réguliers de la station... A l'exception de Codrescu, qui commente les évènements artistiques et de Pinkwater, critique de littérature enfantine, ils sont tous commentateurs sportifs.

La répartition par thèmes est la suivante : 32 % d'informations d'intérêt humain, 25 % de nouvelles sportives, 18 % de politique intérieure et 9 % de commentaires artistique. La politique étrangère est le parent pauvre avec 4 %.


Politique : le parent oublié

Le sport et l'humanitaire prenant le pas sur le politique, les commentateurs politiques ne sont que 8 sur 46. Trois d'entre eux sont des ténors du conservatisme : le chroniqueur Armstrong Williams, le journaliste Byron York de la "National Review", et Joseph Loconte, membre de la "Heritage Foundation". La gauche est représentée par Lenore Skenazy, chroniqueuse du New York Daily News et Joe Davidson de BET.com. Aucun des deux ne bénéficie de l'influence de leurs homologues de droite. Heritage Foundation et le National Review sont des piliers de la droite dont on ne retrouve pas la contrepartie libérale chez NPR.

Deux autres commentateurs "politiques" de NPR, les Afro-Américains Aaron Freeman et Leon Wynter considèrent plutôt les informations sous l'angle communautaire que dans leur dimension politique. Les autres sont difficiles à classer dans un groupe ou un autre.


Envie de lire le texte original ? Cliquez ici.

Pour lire la réponse de NPR à FAIR: cliquez ici.

Deux articles du Monde diplomatique sur les médias américains :

Il parait que les médias américains sont de gauche...

Contestation de l'ordre médiatique américain


(1) un Think tank
est un centre d'étude chargé de diffuser la théorie et les vues politiques ou économiques d'un groupement d'intérêt. Aux Etats-unis, ces groupes de lobbying sont nombreux et certains jouissent d'un prestige considérable. Cette pratique tend à se multiplier en Europe également. Personnellement, j'ai fait partie du Think Tank "Entreprise", groupe de personnes de tous horizons qui tentent de faire remonter auprès du politique les préoccupations des créateurs d'entreprise... Vous en trouverez une description ici.

(2) Liberal aux Etats-Unis ne signifie pas la même chose que chez nous, c'est même exactement le contraire : c'est l'aile la plus progressiste de la société et non pas le groupe le plus acharné à défendre les intérêts privés comme nos libéraux à nous...

(3) Les libertariens sont des libertaires de droite qui refusent toute intervention de l'Etat, institution qui brime la libre initiative et la liberté individuelle. Ils sont évidemment contre l'impôt qui tue l'initiative privée et contre les aides de l'Etat qui maintiennent les citoyens dans une oisiveté dangereuse...
Ecrit par Marco-Bertolini, à 13:18 dans la rubrique "Politique".

Commentaires :

  ImpasseSud
17-06-04
à 15:18

Belle étude! Si on pouvait en faire autant en Italie!

Ce qui m'a bien plu, ce sont les 4 % réservés à la politique étrangère,... pendant que le reste du monde s'agite à cause des USA!
Cela va avec l'inexistence ou presque de l'enseignement de la géographie dans les écoles.

  Marco-Bertolini
18-06-04
à 09:35

Re:

Oui, il est assez effrayant de se dire que les citoyens de la première puissance mondiale, qui dicte ses désidératas au monde entier et menace l'équilibre planétaire, ne connaissent rien ou presque du reste du monde...

C'est un des points qui m'avaient le plus frappé dans cette étude.



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