Dazibao

Pour sa 200e, le gendre idéal des mamies françaises dépasse tous les records de brosse à reluire...

Pour la 200e de "Vivement Dimanche", Michel Drucker a réinvité le beauf des années Mitterrand, l'intellectuel pied-noir Roger Hanin.

Et pour la circonstance, les autres invités du jour - la sublime Corinne Touzet, Astrid Veillon, le Philippe des To be Three (si, si il vit encore ou alors un savant fou a eu l'idée absurde entre toutes de le cloner) tous ont repassé de la brosse à reluire au point d'en remontrer à Drucker lui-même.

Corinne Touzet : "Je le considère comme mon parrain (de quelle mafia, elle ne précise pas), comme un tonton (ah non, là, elle confond, Tonton, c'était l'autre, François).

Astrid Veillon, le clone de Marc Lavoine, mais transsexuel : "c'est lui qui m'a tout appris."  On a envie de lui répondre qu'on a les profs qu'on mérite, pauvre petite chose...

Mais, pour moi, tout cela ne serait rien si "Vivement Dimanche" n'était qu'une émission de variété dégoulinant de guimauve de plus, si elle se limitait à nous faire croire que le monde du show business n'est qu'une grande famille où tout le monde s'aime et se bisoute volontiers, alors que chacun de ces acteurs et chanteurs s'étriperaient à mains nues pour trente secondes de passage télé en praïme taïme.

Non, selon moi, si "Vivement Dimanche" est une émission dangereuse, c'est qu'elle ramène tout au télévisuel rase-moquette, au niveau zéro de la médiacratie et de la médiocratie réunies, qu'elle mélange les genres avec une perversion particulièrement insidieuse, qu'elle nous fait ingurgiter comme du sirop anti-intellectuel un concentré de politique spectacle enrobé dans du jus de comédie musicale à deux balles.

Rappelez-vous François Hollande en intellectuel ami des artistes, Nicolas Sarkozi, en père de famille touchant, en maire d'un quartier difficile (Neuilly, c'est la zone !), et Bernadette Chirac, cette dame-patronnesse mi-catho-réac, mi-executive woman, si soucieuse de ses administrés (j'allais écrire de ses paroissiens), si préoccupée par les souffrances des enfants malades qu'elle visite avec son King Kong attitré, le droitiste Douillet, si empressée de redorer le blason de son mari qui en a bien besoin...

Le risque de "Vivement Dimanche", c'est que cette émission vous rendrait Pinochet sympathique : imaginez-le en bon papa gateau de ses petits-enfants et arrières-petit-neveux (ne serait-il pas charmant, en joueur de foot octogénaire sur le stade de Santiago de Chili, là où ses sbires ont coupé les mains de Victor Jarra il y a tout juste trente ans ?), on pourrait nous le montrer avec son ami Henry Kissinger, devisant entre anciens combattants, cassant du communiste dès que la chasse est ouverte.  Ou bien lisant, en amateur averti, les oeuvres complètes de Pablo Neruda, au coin du feu dans son hacienda...

Non, la politique n'est pas un show dominical entre la messe et le fromage, ni, comme l'affirme si joliment Antoine Bevoort : "un sport de spectateurs".

C'est une activité noble, la première de tout homme libre si on en croit Aristote et Hannah Arendt.  Juste deux mille cinq cents ans de pensée politique qui méritent mieux qu'une 200e sucrette télévisiuelle...