La Wallonie, en tout cas, ne craint pas cette mort frigide tant qu'il y aura des artistes comme Mimile pour entretenir et redonner vie à notre patrimoine.
Un nouveau départ pour Mimile ? En tout cas, un nouveau CD plein de talent et d'énergie.
La première fois que j'ai rencontré Vincent Delire, j'ai été séduit par son oeil vif pétillant de malice, par son sourire franc, par sa poignée de main ferme. En me tendant la maquette de ce CD, il s'excusait presque par avance de la qualité du produit. Pour l'amateur (dans tous les sens du terme) que j'étais, ce premier jet était déjà très prometteur.
Maintenant, c'est un produit fini, un pur moment de bonheur que l'album "Qué vîe qu'on vike" : la voix posée, mûre de Mimile, des musiciens accomplis qui s'en donnent à coeur joie et les incomparables arrangements, véritables explosions de couleurs musicale de Roberto Gobessi... et des textes wallons qui placent cette aventure au niveau de celle des Cabay et des Dunker...
Qué vîe qu'on vike évoque les changements de valeurs qui affectent nos sociétés éperdues de vitesse et de technique.
L'pwin d'agace égrène au fil de ses accords entraînants quelques-unes des admonestations des vieux qui ont connu la guerre aux enfants habitués au luxe et à la surabondance (qui, de notre génération, n'a pas entendu le célèbre
malaujî pou mindjî, tu n'a né connu l'guerre ?).
Ces djins-là - il fallait oser ! - est une superbe reprise de
Ces gens-là de Jacques Brel, à laquelle la magnifique langue wallonne confère des couleurs populaires que n'aurait pas désavouées le Grand Jaques : ça spite è ça brotche dins to les cwins !
Pôve macrale nous ramène au temps où on brûlait de pauvres femmes désemparées pour sorcellerie, passant du tambour funèbre à une sarabande endiablée, à un sabbat musical enivrant...
Weight watching est un clin d'oeil sur notre société de surconsommation et à son obsession du poids, des régimes et de sa recherche éperdue de la santé. Les sonorités du wallon et de l'anglais se marient et s'harmonisent d'une façon surprenante dans ce chassé-croisé linguistique...
L'arsouye est un hommage appuyé à nos braconniers, à nos cancres, à ces personnages un peu hors-normes qui peuplent les légendes des Ardennes.
Le mambo du prince d'O traduit en accords latinos la dégaine chaloupée des ivrognes et ironise - tendrement - sur leur propension à refaire le monde.
Indiablu nous rappelle que, parallèlement à notre soif du luxe inutile, d'autres s'évertuent à simplement se nourrir, s'habiller... survivre, enfin.
Et
la légende des tchénus, avec sa
moumoute e s'crâne pèlé égratigne la politique politicienne, cette démocratie qui rime trop souvent avec démagogie et ces élus qui passent leur vie à "serrer des mains de gens qu'ils ne connaissent pas".
Bref, un album salutaire et une indispensable initiation pour ceux qui veulent découvrir la belle santé de la chanson wallonne actuelle et la vigueur d'un patrimoine que d'aucun prétendaient déjà moribond.
Pour découvrir on line quelques extraits de l'album et la bio de l'artiste, cliquez
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à 23:23