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Chez les amis
Vichy et les Juifs
--> Réédition de la "Bible" de Paxton et Marrus

Il était devenu introuvable pour les nombreux amateurs de l'histoire de la seconde guerre mondiale en général et de la politique antijuive de Vichy en particulier. Le voici réédité, revu et corrigé.

Malgré les années, ce livre reste un monument incontournable du plus grand crime français du vingtième siècle : la politique antijuive qui devait mener à la déportation et à l'extermination plus de 75.000 Juifs français ou résidant en France.

Le premier chapitre démontre sans l'ombre d'une ambigüité que le régime pétainiste a entamé sa chasse aux Juifs bien avant que les Allemands se préoccupent de la question. L'abrogation de la loi Marchandeau (qui interdisait à la presse toute atteinte à un groupe sur base de la race ou de la religion) et le premier statut des Juifs de 1940, sont donc bien des inventions françaises...

Le second chapitre examine les origines de l'antisémitisme de Vichy. L'antisémitisme n'était pas un phénomène nouveau dans la société française. L'Action Française, les Croix de Feu du Colonel Larocque, le journal la Croix, Georges Bernanos et tous les anti-dreyfusards avaient ouvert la voie. Les années vingt connurent un calme relatif alors que les crises (politique, morale, économique) et la venue de réfugiés espagnols et des pays de l'Est attisèrent un antisémitisme virulent lors des années 30.

Un autre mythe s'effondre : celui de l'influence allemande sur l'aryanisation des entreprises juives. S'il est vrai que les Allemands ont effectué des coupes sombres dans les patrimoines juifs (et Goering n'était pas le dernier à s'approprier oeuvres d'arts et manuscrits précieux), l'administration française dans son ensemble, y compris la magistrature, s'est pliée avec un certain zèle aux lois "antijuives" et aux saisies des immeubles et des biens. Peu de voix se sont élevées contre les numérus clausus ou l'exclusion de profession à l'encontre des Juifs... L'aryanisation des entreprises juives (leur saisie et leur administration, leur vente ou leur liquidation par des administrateurs provisoires) est en grande partie responsable de la concentration des entreprises françaises d'après-guerre...

 

Les camps de concentration français se multiplièrent : Drancy, Les Milles, Rivesaltes, Vernet, Rieucros, Argelès, Loiret, Compiègne, Vénissieux, Pithiviers, Gurs, Fort-Barraux, Beaune-La-Rolande, Récébédou... Autant de nom qui sont associés à l'opprobre, à des conditions de détentions inhumaines, avec des taux de mortalité et des conditions d'hygiène plus effrayants que certains camps allemands. A partir de juillet 1941, les rafles s'intensifièrent. Vichy constitua des "réserves de Juifs" (sic) suffisantes pour remplir les trains qui, dès 1942, les déporteraient vers Auschwitz, Maïdanek, Sobibor, Buchenwald...

Les 16 et 17 juillet 1942, une opération au nom de code "Vent printanier" ajouterait à l'horreur : il s'agit de la rafle du Vel d'hiv'. L'objectif était d'enlever tous les hommes et femmes de 16 à 50 ans de Paris, soit 28.000 personnes, les enfants devant être placés dans des "maisons d'enfants". 9000 policiers français furent affectés à cette "mission" auxquels 300 ou 400 jeunes doriotistes vinrent prêter main forte bénévolement, pour le sport... Les uniformes français rassurèrent les Juifs qui se laissèrent donc embarquer sans soupçonner le moins du monde ce qui les attendait... On estime qu'il y eu une centaine de suicide pendant la rafle et les jours suivants. 6000 personnes furent envoyées au camp de Drancy tandis que les autres furent parquées au Vel' d'hiv'. Elle étaient plus de 7.500 dont 4000 enfants. Il n'y avait rien de prévu, ni nourriture, ni sanitaires en suffisance, rien. Et cela dura cinq jours. L'opération "Vent printanier" a finalement permis l'internement de 12.884 Juifs "seulement". Ils furent dispatchés vers les camps français dans l'attente du départ pour Auschwitz... Cette rafle est l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire moderne de la France, même si une partie de la population, par sympathie, avait prévenu ou caché une partie des Juifs visés...

Le camp de Drancy mérite qu'on s'y arrête : c'était un ensemble de logements à caractère social, non terminés, et d'où partirent 67.000 des 75.000 Juifs de France déportés vers les camps de la mort. Drancy était un camp entièrement français : c'est la gendarmerie qui en assurait la garde. Son administration était entièrement française et les commandants du camps étaient tous français... Le pire est que les conditions épouvantables qui régnaient dans ce camps ne furent améliorées que quand les Allemands, scandalisés par ce qui s'y passait, en ont pris la direction en juillet 1943...

 

La séparation des familles entraînant des réactions de sympathie spontanée, le régime de Vichy, contre l'avis des Allemands décida de les déporter avec leurs parents. Même si des organisations humanitaires, tels les Quakers ou le YMCA proposèrent quelques 1500 visas pour des enfants juifs à destination des Etats-Unis, Laval refusa. Ces déportations massives suscitèrent des réactions de l'Eglise catholique et du monde protestant. Mais bientôt, le Service du Travail Obligatoire, qui éloignait des Français, devint le sujet de préoccupation prioritaire et on oublia bien vite les Juifs... Les généreuses subventions de la Révolution nationale aux différentes églises réconcilia le gouvernement avec le Vatican et le clergé français.

Lorsque toute la France fut occupée, les Juifs trouvèrent refuge et protection dans les départements occupés par ... les Italiens, qui malgré leur alliance avec l'Allemagne répugnaient à déporter des innocents... Malheureusement, lors de leur départ, les Juifs de la région de Nice se retrouvèrent piégés.

Vichy ne s'opposa vraiment aux exigeances des Allemands que lorsque ceux-ci décidèrent de déporter également les Juifs français de longue date et les anciens combattants. Les nazis, trop peu nombreux et mal informés sur les caches ou les complicités locales ne purent rafler qu'une douzaine de milliers de Juifs jusqu'à la libération.

On ne peut que faire des conjectures sur l'ampleur qu'aurait pris le génocide des Juifs en France sans la complicité de Vichy. Mais on peut affirmer sans se tromper que nombre des 75.721 Juifs déportés recensés par Serge Klarfeld auraient échappé à un sort innomable...

Jusqu'à quel point les autorités de Vichy connaissaient-elles le sort réellement réservés à ces déportés ? Difficile de croire à une ignorance totale : des appels, des rapports, des témoignages ont été apportés dès 1942, mais personne ne les a crus ou distingués de la propagande de guerre. Pour la plupart, y compris pour les alliés, ces histoires de massacre étaient exagérées, voire délirantes...

Ce livre, qui fit scandale à sa sortie, est le premier à établir, avec la distanciation et l'effort d'objectivation d'un travail scientifique, l'implication réelle de Vichy dans le génocide juif. Si d'autres, depuis, ont approfondi tel ou tel point de cette période, celui-ci reste incontournable pour comprendre les racines et les enjeux de l'antisémitisme français pendant cette sombre période...

Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, traduit de l'anglais par Marguerite Delmotte, Le Livre de Poche, (Biblio/Essais ; 4115), 671 p.

Pour un article sur un autre livre à propos de Vichy : cliquez ici.

Pour un article sur la Milice : cliquez ici.

Pour un article sur la "révolution fasciste" : cliquez ici.

Ecrit par Marco-Bertolini, à 13:10 dans la rubrique "Histoire".



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