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Chez les amis
Les années Condor
--> Ou comment les dictatures militaires réglaient le sort de leurs opposants
Il est un onze septembre dont le plus récent a quelque peu obscurci la mémoire, c'est celui de 1973. A cette date, en effet, Augusto Pinochet Duarte faisait bombarder le palais de la Moneda, siège présidentiel du premier régime démocratique du Chili. Pour ne pas se rendre à son ennemi, Salvador Allende se donna la mort dans les décombres de son bureau...

Une des dictatures les plus sanglantes d'Amérique latine commençait sous ces sombres auspices. Mais bientot, le régime Pinochet ne se contenterait plus d'éliminer ses opposants de l'intérieur. En novembre 1975, une réunion rassemblait les représentants des services secrets du Chili, d'Argentine, du Paraguay, de l'Uruguay et du Brésil.

L'objectif de cette réunion était de constituer une sorte d'internationale du crime. La création de cet organe à vocation internationale était une réponse à une coordination des mouvements de gauche, la JRC (Junte de la Coordination Révolutionnaire) dans laquelle la plupart des forces révolutionnaires joignaient leurs forces. Ces révolutionnaires n'étaient pas des enfants de coeur (les Farc tristement célèbres pour l'enlèvement d'Ingrid Betancourt en faisaient partie) mais ne constituaient pas la menace ultime qu'y voyait la paranoia galopante de Pinochet et de ses collègues.

Ce dispositif international du service secret du nom de Condor, l'oiseau national du Chilli, allait évoluer en trois phases :

La première était la création d'une base de données alimentée par ces différents services secrets sur les terroristes et les opposants aux régimes militaires. Cette base était gérée par un ordinateur central pour lequel la DINA (police secrète particulièrement féroce de Pinochet) avait reçu une formation de la CIA...

La deuxième phase était une collaboration transfrontalière entre ces six régimes. Elle permettait par exemple que des agents argentins enlèvent ou exécutent des opposants au Chili et vice-versa. Elle s'avèrera décisive dans l'éradication non seulement des groupes armés, mais aussi de la relève démocratique potentielle : c'est ainsi que des hommes politiques de la gauche modérée ou de la démocratie chrétiennes ont été exécutés dans des pays où ils avaient trouvé "asile".

La troisième phase consistaient en des actions en dehors du territoire latino-américain et, notamment en France où une importante colonie chilienne avait trouvé refuge. Cette phase culminera avec l'assassinat à Washington d'Orlando Letellier, ministre des affaires étrangères de Salvador Allende. Trompés par la bienveillance manifestée à leur égard par la CIA et Kissinger, les dictateurs n'ont pas mesuré à quel point un attentat sur le sol de leurs alliés pourrait jeter le discrédit sur leur action.

S'ajoutent à cela les nombreuses indiscrétions des membres de Condor qui se vantaient de leurs "coups" à qui voulait les entendre.

Mais ce n'est que tout récemment, dans les années 2000-2003, que des perspectives de poursuites des criminels se sont fait jour, notamment lors de la plainte du juge Garzon à l'encontre de Pinochet.

Des milliers de plaintes sont examinées et les dossiers commencent à s'ouvrir aussi bien aux Etats-Unis que dans les pays d'Amérique latine.

John Dinges, l'auteur, met en perspective ces "années Condor" et la lutte contre le terrorisme qu'a engagée George W. Bush et ses mises en garde ne sont pas à prendre à la légère :

" La guerre actuelle contre le terrorisme semble déjà faire begayer l'histoire tant certains parallèles sont inquiétants : mise en commun massive du renseignement, liens suspects avec les services secrets, collecte de renseignements dans les centres de torture dirigés par les alliés, et meme assassinats transfrontaliers ciblés. Ajoutons à cela la culture du secret, l'obligation faite aux citoyens et aux responsables américains de témoigner de leur loyauté en rentrant dans le rang, et le démantèlement des mécanismes obligeant les politiques à répondre de leurs actes ; et encore les bonnes intentions, une rhétorique mettant en avant les grandes valeurs morales, et la volonté implacable de remporter un combat mondial dont l'enjeu serait la place de l'Amérique dans le monde.

Pour peu que l'on se donne la peine d'écouter, on ne peut ignorer les échos d'un passé encore très présent. Car on retrouve exactement les memes ingrédients dans l'alliance que les Etats-Unis ont scellée avec les pays du Condor pour soutenir leur guerre contre le terrorisme. Nous nous sommes alignés sur nos alliés idéologiques et géopolitiques. Nous avons divisé le monde en deux camps : d'un coté ceux qui sont avec nous et de l'autre ceux qui sont avec les terroristes. Et nous nous sommes retrouvés dans les bras de génocidaires qui dirigeaient des centres de torture, creusaient des charniers et remplissaient des crématoriums, et qui ont exporté leurs opérations terroristes jusque dans nos rues.

L'histoire des années Condor n'est pas une histoire que nous sommes condamnés à reproduire".

Cette longue citation nous invite à la vigilance et je pense que c'est avec raison : on n'abandonne jamais impunément les principes de la démocratie. Dès qu'on les subordonne à des intérets dits supérieurs comme c'est le cas aux Etats-Unis pour le moment, on s'expose à des dérives de type totalitaire. Une leçon à méditer pour le proche avenir...

John Dinges, Les années Condor, Comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents, Paris, Editions la Découverte, 2005.
 
Ecrit par Marco-Bertolini, à 13:18 dans la rubrique "Histoire".

Commentaires :

  AmelieAmelie
28-04-05
à 10:57

Je suis daccord a 100%, bien que ça sois pas formulé comme je l'aurais dit, mais l'idée de fond est vraiment très bonne. Je vais recomander ce blog a mes connaissances, et encore mes félicitations les plus sincères.

Une admiratrice heureuse.


  Marco-Bertolini
28-04-05
à 13:27

Re:

Merci pour ce super commentaire ;-)



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