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On peut difficilement soupçonner H.C. Robbins Landon d'être opportuniste et de profiter de l'année Mozart pour publier de purs produits marketing. Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui (Mozart, The Golden Years) a été édité en 1989, in tempore non suspecto.
H.C. Robbins Landon est musicologue et historien de la musique, probablement l'un des plus grands du vingtième siècle et ses publications sur Mozart, Haydn ou Vivaldi font autorité.
Dans cet ouvrage précis, traduit en français chez Fayard en 1996, sous le titre "Mozart en son âge d'or", il examine les dix années de vie viennoise de W.A. Mozart. La gloire et l'amour quasi-insensé que lui voueront les Viennois avant le déclin et l'indifférence quasi-universelle lors de sa mort prématurée en 1791.
Mais cet ouvrage fait beaucoup plus que cela, et ceci explique sans doute les multiples rééditions dont il a fait l'objet : il dépeint tout l'univers mozartien. Ses amis et ses ennemis (parmi lesquels l'incontournable Salieri et sa coterie d'Italiens perpétuellement jaloux des succès du jeune Allemand), ses commanditaires (la noblesse, bien sûr, mais aussi la famille impériale), sa vie de famille (son mariage avec Constance Weber au grand dam de son père et les multiples naissances suivies de décès presqu'immédiat de quatre de ses six enfants), le monde de la musique à Vienne, les évènements politiques et sociaux qui bouleverseront non seulement la société, mais également Mozart et sa (sur)vie.
Mais surtout, il nous parle, avec quelle science et quelle passion ! de la musique de Wolfgang. Le jeune homme qui arrive à Vienne en 1781 comprend vite la mentalité viennoise et le genre de musique qu'apprécient les amateurs de la capitale autrichienne. C'est peut-être un des aspects les moins soulignés de l'oeuvre mozartienne : il écrit pour un public, pour un musicien, pour un auditeur précis et fait du "sur mesure" à un point rarement approché par d'autres compositeurs. Il réécrit sans cesse ses musiques pour de nouveaux concerts ou selon les musiciens dont il dispose.
Il s'imprègne aussi de ce qu'il entend. Mozart est un artiste né, comme une éponge il se remplit, se gorge de ce qu'il entend ou déchiffre (ses contemporains dont Haydn dont il étudie les quatuors avant de lui en dédier six, tous de purs chefs d'oeuvres; mais aussi les anciens comme Bach ou Handel, dont il réorchestre le Messie pour l'adapter aux goûts de l'époque).
Lui-même est un virtuose accompli, les contemporains s'étonneront tous de la sureté de son jeu et, en particulier, de la force de sa main gauche. Il compose six sonates pour piano qui lui apportent un succès immédiat. Puis vient le temps des deux Constances, celle qu'il épouse (après avoir été l'amoureux éconduit de sa soeur aînée) et celle de l'Enlèvement au Sérail qui connaît également un succès rapide.
Succèderont des pièces pour pianos, des sérénades, de la musique religieuse. En 1784, il participe à de nombreux concerts, compose des concertos pour pianos, ainsi que le merveilleux quintet pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson K. 452. La même année, il devient Franc-Maçon, ce qui correspond bien à sa personnalité et influera durablement sur sa musique, puisque son dernier opéra, La Flûte enchantée, peut être considérée comme une oeuvre maçonnique. L'année suivante, débute l'amitié indéfectible qui liera Mozart et Haydn. C'est également une année prolifique en chefs d'oeuvres : les six quatuors dédiés à Haydn, des concertos pour piano, des la musique de circonstance, telles les oeuvres maçonniques à l'occasion de la mort de deux "frères" de la loge à laquelle appartenait Mozart.
Mais ce qui va "lancer" Mozart à Vienne, ce sont ses opéras. En particulier, ceux qu'il écrira en collaboration avec Da Ponte. Ce dernier est un personnage éblouissant, quelque peu escroc, librettiste de génie qui travaillera pour la plupart des compositeurs viennois de l'époque et finira sa vie aux Etats-Unis où il créera le premier opéra. Ses mémoires, toutefois, sont à prendre avec d'infinies précautions, Da Ponte ayant une facheuse propension à s'attibuer des mérites excessifs. Mais cette collaboration avec Mozart donnera trois chefs d'oeuvre : Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Cosi fan tutte.
Malgré ce trio fabuleux, Mozart n'aura jamais l'emploi à la cour dont il a rêvé toute sa vie. L'empereur Joseph II qui ne comprendra jamais vraiment sa musique l'engagera comme compositeur avec des émoluments de loin inférieurs au Kapellmeister Salieri. A la mort de Joseph II Mozart craint même de perdre ce maigre salaire, mais le nouveau souverain, Léopold II le lui confirme.
Et l'étoile de Mozart pâlira à Vienne jusqu'à sa mort en 1791, dans un oubli quasi-complet. Mais ça, c'est un autre livre dont je me propose de vous parler un autre jour...
Pour aller vers l'article Vive l'année Mozart (5) : cliquez ici.
Pour aller vers l'article Vive l'année Mozart (3) : cliquez ici.