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Chez les amis
Décès de l'intellectuel américain d'origine palestinienne Edward Saïd

Le monde de la pensée est en deuil

La leucémie contre laquelle il luttait courageusement depuis onze ans a emporté Edward Saïd.

Né en 1935 à Jérusalem de père palestinien et de mère libanaise, il passe la majeure partie de son enfance en Egypte.  Après de brillantes études dans un collège américain, il quitte le Moyen Orient pour les Etats-Unis, dont il prendra la nationalité, tout en restant attaché à ses racines.

La preuve en est qu'Edward Saïd fit partie du Conseil national palestinien qu'il quitta pourtant, en désaccord profond avec les méthodes de l'OLP.

Edward Saïd était également l'analyste subtil et profond des courants de pensées qui ont traversé le dix-neuvième et le vingtième siècle.   Parmi de nombreux ouvrages sur le conflit israélo-arabe, deux ouvrages de "cultural studies" sont devenus des classiques : L'Orientalisme et Culture et Impérialisme.

Le premier est un essai magistral sur le concept d'orientalisme et sur les utilisations qu'en ont faites les Occidentaux pour légitimer leur pouvoir et leur soi-disant supériorité intellectuelle en créant un "ailleurs" forcément inférieur et dont l'exotisme factice ne pouvait manquer d'attirer les masses.  Cette infériorité supposée des Orientaux justifiait par la même occasion le colonialisme des blancs...

Le second, Culture et impérialisme, démontrait, innombrables exemples et analyses à l'appui, les relations entre l'expansion coloniale, l'esprit conquérant des XIXe et XXe siècles et des formes littéraires occidentales, le roman en particulier.

Soucieux de ne pas dénaturer sa pensée et de donner aux débats toute la complexité que méritaient les problématiques qu'il étudiait, Edward Saïd refusait depuis plusieurs années toute interview à la télévision américaine : "sur les trois minutes qu'ils vous accordent, les journalistes en passent deux à vous accuser d'être partial et vous en laissent une pour vous défendre.  Vous n'avez plus le temps de vous exprimer sur le sujet de l'interview...".

Musicologue et musicien averti, Edward Saïd était également un ami proche de Daniel Barenboïm avec qui il a animé plusieurs débats sur la musique et le multiculturalisme.

Collaborateurs de revues prestigieuses, il a publié plusieurs textes dans le Monde diplomatique qui lui consacre une page sur Internet.

Avec sa disparition, c'est une compréhension lumineuse de la culture et des relations entre les peuples qui nous est enlevée.  Nous reste une oeuvre intransigeante et exceptionnelle.

Adresse Monde diplomatique sur Edward Saïd :

http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/edwardsaid/

Pour l'hommage de Mahmoud Darwish : cliquez ici

Ecrit par , à 14:29 dans la rubrique "Humeurs".

Commentaires :

  linkback
04-10-03
à 07:09

Lien croisé

Entre mer et maquis - Carnaval des vanités #10 : "- J’aime bien le regard sur l’Histoire et le style impeccable de Dazibao : Décès de l'intellectuel américain d'origine palestinienne Edward Saïd. "

  Marco-Bertolini
04-10-03
à 08:18

Re: Lien croisé

Merci pour cette appréciation élogieuse de mon article.

Cela me conforte dans la conviction que Joueb est une grande idée : elle rend à Internet tout son sens d'outil de communication et d'échanges en dehors des schémas commerciaux qui, malheureusement, envahissent désormais la toile.


  PierreDesiles
04-10-03
à 07:17

Ton explication, Marco, est d'une limpidité digne du grand journalisme. J'ai découvert ton article sur le site d'ImpasseSud et je crois qu'elle a bien fait de te faire connaître. Merci de nous avoir informer sur ce grand homme qu'était Edward Saïd.

  Marco-Bertolini
04-10-03
à 08:26

Re:

Merci, ton compliment me va droit au coeur.

Je suis heureux si j'ai pu vous faire partager mon intérêt, mon respect pour Edward Saïd et la tristesse que je ressens à l'occasion de sa disparition.

Les intellectuels de cette trempe ne courent pas les rues et on ne peut pas dire que nos médias se précipitent pour leur accorder une tribune (à l'exception, notable en français, du Monde diplomatique).

Pourtant, ce sont des hommes comme lui, d'une honnêteté intellectuelle et d'une culture hors normes qui, seuls, pourront tracer la voie d'une paix durable au Moyen-Orient et pas des va-t-en-guerre comme Bush et sa clique de tontons flingueurs.




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