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Chez les amis
Et la vertu sauvera le monde…

Dans un ouvrage aussi court que son titre est long, Frédéric Lordon laisse libre cours à son ironie… et il en possède à revendre.   Il faut dire que la matière est dense et abondante, puisqu’il s’agit rien de moins que la faillite de la « net-economy » et des malversations des Messiers, Tchuruk et autres patrons d’entreprises transnationales dont le discours ultralibéral outré n’a d’égal que la déconfiture dont elles ont été la victime.

Simple « erreur de parcours », comportement atypique de quelques voyous de l’économie capitaliste ?  Que nenni ! rétorque l’auteur.

Il ne s’agit pas d’exceptions qui confirmeraient l’harmonie céleste de la règle financière régissant une mondialisation heureuse – pour reprendre l’expression qui l’est beaucoup moins d’Alain Minc – mais au contraire d’une fragilisation structurelle des entreprises industrielles aux prises avec les marchés financiers, marchés qui ne connaissent que leur intérêt propre et abandonnent leurs chères entreprises lors du moindre soupçon de baisse de rentabilité.

Car, si les entreprises industrielles se sont livrées poings et pieds liés aux financiers, c’est en oubliant une règle essentielle : la finance ne recherche que le retour maximal de son investissement : qu’il s’agisse de yaourts ou de centrales nucléaires.  Que l’un vienne à rapporter moins d’argent, le financier l’abandonnera sans pitié au profit de l’autre.

C’est que les logiques qui meuvent l’industrie – le goût de la conquête, de la puissance – ne sont pas celle – plus prosaïque – de la finance : gagner un maximum d’argent dans tous les cas…

Et les politiques ont beau jeu d’invoquer leur impuissance face aux pouvoirs conjugués des marchés et de la finance internationale : ce sont eux qui, en dérégulant le monde du travail, du commerce et de l’argent, ont armé la main qui les étrangle.   En abandonnant leurs prérogatives nationales – avec l’aide enthousiaste de l’Europe, de l’OMC et autre Banque mondiale – ils ont permis aux marchés de contourner les contraintes étatiques en fonctionnant au-delà du national (et en inventant par-dessus le marché un  concept aussi flou que confortable : la mondialisation).

Au-delà des quelques boucs émissaires désignés par une presse financière aussi unanime que moralisatrice, ce sont les structures du capitalisme patrimonial qui sont en cause.  Les entreprises industrielles se sont liées aux marchés financiers pour gagner en croissance et, de fusions en rachats et en concentrations, devenir le leader sectoriel dans le monde…  Cette dépendance des marchés les fragilise en les plaçant dans une position toujours plus intenable : devenir toujours plus grand, gagner éternellement en cotation boursière pour éviter d’être dévoré par les concurrents.   Dans un jeu où tous les joueurs poursuivent le même objectif avec la même férocité, où les marchés boursiers font la pluie et le beau temps, il y a forcément des gagnants et des perdants.

Alors, bizarrement, les capitaines d’industrie, grands contempteurs de l’intervention étatique et de la chose publique se souviennent  de l’existence… des pouvoirs publics à qui ils suggèrent qu’ils « pourraient relancer des investissements créateurs de valeur pour l’ensemble de l’économie ». (1)

Mais, argue Frédéric Lordon, ce sont moins les hommes que les structures qui sont à réformer.  Car le capitalisme patrimonial, celui de la bourse et des marchés financiers, a pour propriété essentielle de s’enthousiasmer au-delà du raisonnable pour certaines entreprises ou produits – Internet, la vidéo, etc. – pour ensuite s’en dégoûter aussi rapidement, avec les conséquences que l’on imagine : fermeture, faillite, dégraissage drastique…

Car les grands perdants de ce jeu cynique, c’est l’ensemble des salariés et ce pour trois raisons au moins :

* En cas de catastrophe financière, ce sont eux qui se retrouvent sur le carreau : Alcatel s’est débarrassé de 29.000 salariés entre 2001 et 2002 et espère bien « dégraisser » ses effectifs de 40.000 autres « unités » d’ici la fin de 2003.

* L’argent qui nourrit ces croissances exponentielles et ces implosions retentissantes provient essentiellement de l’épargne « des ménages », entendez, des travailleurs.

* Enfin, les propositions de stock options ou d’épargne salariale, sous forme de fonds de pension, par exemple, fragilise (parfois à court terme) leur retraite.

A la fin de ce volume aussi lisible que tranchant, le lecteur sort convaincu que ce ne sont pas les quelques mesurettes cosmétiques proposées par les gouvernements et les patrons de la finance (tels ces placements dits « éthiques ») qui nous mettront à l’abri d’autres séismes financiers, mais une remise en cause intégrale du fonctionnement des marchés de la haute finance…

Frédéric Lordon, Et la vertu sauvera le monde : Après la débâcle financière, le salut par « l’éthique » ?, Paris, Raisons d’agir, 2003, 125 p.

Ecrit par Marco-Bertolini, à 16:26 dans la rubrique "Lire libre".

Commentaires :

  ImpasseSud
11-11-03
à 18:22

Quel dommage que je ne puisse pas me procurer ce petit livre. Il me semble fantastique... et ces bonnes vérités me trouvent pleinement d'accord. Mais servira-t-il à quelque chose?


  Marco-Bertolini
12-11-03
à 11:57

Re:

Il ne faut jamais désespérer d'une action positive, quelle que soit l'impact de son ampleur.

Même si un seul lecteur remet en doute la "doxa" ultralibérale ou remet en question ses propres croyances en la matière, l'ouvrage n'a pas été inutile.

Mais j'espère que d'autres auront été convaincus ou renforcés dans leurs convictions.  Je pense notamment aux mouvements altermondialistes qui se réunissent ces jours-ci à Saint-Denis.


  linkback
15-03-04
à 18:47

Lien croisé

Tiens voilà du boudin , le retour de l'abbé : "é au gens, c’est leur redonner de l’espoir, c’est leur redonner l’envie de lutter pour améliorer leur situation, pour donner un futur meilleur à leurs enfants. Peut-être que le jour où on cessera de demander à la finance de résoudre les problèmes, peut-être que le travail réapparaîtra, en rapport avec les besoins de l’homme. Voir  Frédéric Lordon,"

  linkback
29-04-04
à 18:40

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LUCANUS - Ado justice : le coté pratique en second plan : " Excuse-moi, ici il y a des problèmes d'orage!Merci d'effacer ineptie et de le remplacer par inertie? Unsuite, la lecture que je te proposais se trouve ici. "

  Visiteur
05-11-05
à 19:14

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Web Blog Directory - A Lot - Aggregating the PoweR of Blogs! : " dazibao : Et la vertu sauvera le monde (Nov 11 2003 16:02 GMT) - Dans un ouvrage aussi court que son titre est long, Frédéric Lordon laisse libre cours à son ironie et il en possède à revendre. Il faut dire que la matière est dense et abondante, puisqu il s agit rien de moins que la faillite de la « net-economy » et des malversations des Messiers, Tchuruk"



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