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Éditeur et journaliste, Jean-Claude Guillebaud a écrit ces dernières années certains essais parmi les meilleurs publiés en langue française.
Dans " La Tyrannie du plaisir ", il examinait le statut du corps et du plaisir, au cours du temps, depuis le Moyen Age jusqu'à la post-modernité en passant par la pruderie bourgeoise du XIXe siècle, que nous avons tendance à projeter sur l'ensemble des temps qui nous ont procédés.
Dans " La Refondation du Monde ", il plonge aux racines de notre civilisation - l'héritage grec, juif et chrétien - qui ont donné forme non seulement à la pensée occidentale, mais à l'organisation de la société jusqu'à ces dernières décennies et dont l'oubli irresponsable ou le rejet haineux risque de nous entraîner vers des futurs pour le moins incertains.
Ce sont ces futurs - mutations génétiques, procréation ex utero ou en utérus artificiel, productions de clones réduits à l'état de réserves d'organes, etc. - contre lesquels ils nous mettait en garde dans " Le Principe d'humanité. " Paraphrasant Simone de Beauvoir, on peut dire qu'on ne naît pas homme, mais qu'on le devient, tant ce qui nous distingue de l'animal tient en quelques principes humanistes toujours bons à rappeler.
Dans " Le Goût de l'avenir ", il passe en revue divers maux et angoisses qui affligent la société contemporaine.
D'abord le problème du mal, congédié depuis belle lurette par un optimisme béat ou des sciences humaines déresponsabilisantes dans leur consensus mou. Et qui opère un retour en force après le 11 septembre 2001 et son cortège de violences plus ou moins terroristes.
Ensuite, le néo-manichéisme, que le problème du mal attise, divisant l'humanité en deux camps irréconciliables. Deux camps qui s'attribuent sans sourciller le monopole du bien et la pureté de leur morale respective.
Cette polarisation du monde - sorte d'ersatz de la guerre froide où la dichotomie entre capitalisme et communisme participait d'une ligibilité sans faille du monde et de son devenir - ordonne de nouveaux couples antagonistes : limite-transgression, lien-autonomie, transparence-intériorité, corps et esprit, etc.
Jean-Claude Guillebaud constate aussi un retour inattendu de la philosophie nietzschéenne, mais affadie, un nietzschéisme de salon, qui ne retient que l'exaltation de la vie et d'un présent hypertrophié tout en rejetant la vision hiérarchique, violente, pour tout dire guerrière, du philosophe allemand.
Pour Jean-Claude Guillebaud, toutes ces postures, y compris le " bougisme " dont font preuve nos contemporains, sont surtout emblématiques d'un manque de projet politique. Le néo-stoïcisme, un fatalisme salonnard, représentent autant de formes de démission par rapport au monde qu'il serait désormais vain de vouloir changer.
Pour ces nouveaux philosophes nihilistes " soft ", l'utopie n'est que naïveté téléologique, un autre monde n'est donc pas possible.
Ce que nous propose Jean-Claude Guillebaud, finalement, c'est de rendre aux hommes ce " goût de l'avenir ", c'est-à-dire, un projet politique vrai, ambitieux, qui rende à chacun un engagement de citoyen, une croyance en un avenir meilleur sur lequel chacun peut peser à sa mesure et non un renoncement au monde qui ressemble fort à une démission collective.
Jean-Claude Guillebaud, Le Goût de l'avenir : essai, Éditions du Seuil, 2003, 359 p.
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à 14:14