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Jean-Bernard Pouy réexplore l'épopée de la pucelle.

Un jeune homme à l'air " bien comme il faut ", smoking et manières impeccables, jette son verre de whisky au visage de l'ambassadeur d'Angleterre avant d'abattre un des policiers chargés de le mettre au dépôt.

Une grenade explose sur une scène où sévit un groupe anglais punkoïde. Bilan : deux guitaristes en charpie, un batteur qui ne reconnaît plus sa jambe dans cet amas sanglant de chairs et de débris de baffles, un chanteur qui ne massacrera plus jamais le bruitage inepte dont les décibels couvraient ses textes primaires.

Un patineur fou balance un sac sur le stand de British Airways - sac qui explose libérant des litres d'hémoglobine de porc sur les hôtesses ébahies - avant de désintégrer une des vitrines et de sauter sur le siège arrière de la moto garée sur un parking d'Orly-Ouest.

Y a-t-il un lien entre ces trois affaires ? Une anglophobie délirante peut-elle expliquer ces trois faits divers psychédéliques ?

Une lettre écrite au Lettraset adressée à un journaliste ajoute à la confusion : c'est la copie conforme d'une lettre de Rimbaud, écrite à Aden le 30 décembre 1884, dans laquelle, entre autres choses, il éructe contre les Anglais qui gâchent son commerce d'armes.

Puis, les attentats reprennent : l'attaque d'un garage Talbot, le kidnapping d'un employé de centrale nucléaire qui se termine au bas d'une falaise bretonne. Et, encore, une lettre de Rimbaud.

Il faudra encore du sang et du temps avant que les keufs comprennent : cet itinéraire dément, semé de morts et d'explosions, c'est celui de la pucelle d'Orléans, la petite Jéhanne de France, celle qui " boutoit l'Anglois hors de France".

Commence alors une course de vitesse entre le commando Rimbaud et les forces de l'ordre...

Cette course-poursuite, c'est le cauchemar d'une jeune femme blessée, cauchemar qui prend chair dans la réalité d'une fresque sanglante et dans laquelle nous entraîne à corps perdu un Jean-Bernard Pouy en super-forme. Paru pour la première fois en 1984, ce roman sauvage n'a pas pris une ride : le style héroï-comique de Pouy y est pour beaucoup. Inimitable, farci de clins d'œil à ses frères en littérature, ce style vous entraîne à Mach 37, à 30.000 pieds pardessus les polars écrits à la va-comme-je-te-pousse...

Une écriture salutaire par ces temps de platitudes starakiennes...

Jean-Bernard Pouy, Nous avons brûlé une sainte, Paris, Gallimard, 2001, (Folio Policier ; 234), 215 p.

Pour lire le compte-rendu des Roubignoles du destin, cliquez ici.

Pour un titre du Poulpe (série-culte créée par J-B. Pouy) : La route du rom de Didier Daeninckx