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La guerre d'Algérie vue par le Monde

Le journal Le Monde vient de publier dans la collection Librio un nouvel ouvrage sur la guerre d'Algérie.

Son originalité tient déjà dans son contenu : en effet, il s'agit d'un recueil d'articles parus dans le célèbre journal depuis 1944 jusqu'aux derniers mois de 2.002, sélectionnés et présentés par Yves Marc Ajchenbaum.

Le danger d'une telle publication est, bien entendu, de présenter une vue partielle et partiale de l'évènement, de donner la vision unique et le style éditorial d'une seule publication.

Ce risque est fortement atténué, presque annulé en fait, par la multiplicité et la diversité des interventions, qu'elles soient d'époque ou plus récentes : peu de choses en commun, en effet, entre le témoignage anthropologique de Germaine Tillion ou la vision économique d'un Philippe Minay, le compte-rendu journalistique d'un Jean Lacouture ou l'analyse historique d'un Benjamin Stora.

L'ouvrage permet aussi de se rendre compte à quel point l'histoire de la métropole est liée à celle de sa colonie : le retour du Général De Gaulle au pouvoir génère de nouveaux espoirs ambigus, interprétés de manière radicalement divergente par les tenants de l'Algérie française et ceux qui espèrent une indépendance rapide, sans compter les ultras de l'OAS et les modérés des deux camps qui verraient bien une Algérie partageant la citoyenneté pleine et entière de la nationalité française...

Ce petit livre bon marché est un excellent médium pour comprendre de l'intérieur la marche des évènements et la façon dont les uns et les autres l'ont perçu depuis les prémisses d'une colonisation brutales jusqu'aux ultimes dénouements dont les effets se font encore sentir quelques quarante ans plus tard...

La guerre d'Algérie, 1954-1962, recueil d'articles du journal Le Monde,sélectionnés et présentés par Yves Marc Ajchenbaum, Paris, Le Monde et E.J.L., 2003, 125 p., 2 euros.

Ecrit par Marco-Bertolini, à 12:11 dans la rubrique "Lire libre".

Commentaires :

  ImpasseSud
25-11-03
à 17:55

Quand j'ai lu ton article, je me suis dit une fois de plus que j'aimerais bien pouvoir me le procurer. Mais, quelques heures plus tard, je me suis dit que même si j'y arrivais, je ne sais pas si je réussirais à le lire. Il est probable que je le rangerais sagement dans ma bibliothèque, pour plus tard, en ayant presque peur de le feuilleter. 
La guerre d'Algérie ne s'est pas arrêtée en 1962, aux accords d'Evian. Ensuite, il y a également eu un après-guerre qui, aujourd'hui encore, brûle les Français et les Algériens. L'année dernière, j'ai eu l'occasion de suivre, en direct grâce à Real Player, des conférences sur la question. Et bien, les esprits étaient tendus, la salle houleuse, et les questions posées dans les débats qui suivaient étaient souvent arrogantes et provocatrices. Bref, la plaie est loin d'être fermée.
Ce petit livre se vendra, cela ne fait aucun doute, mais je serais curieuse de savoir combien seront ceux qui le liront immédiatement.


  Marco-Bertolini
26-11-03
à 13:23

Re:

J'avoue que vu d'ici (la Belgique), cette actualité de la souffrance à propos de la guerre d'Algérie est un peu difficile à comprendre. 

Il est clair par contre que l'Algérie a du mal à se remettre de ses chocs successifs : colonie, indépendance, islamisme, guerre civile...  Cela fait beaucoup pour une pays en une ou deux générations.

J'ai l'impression, en voyant les débâts passionnés à la télévision, dans la presse, dans les médias en général, que la guerre d'Algérie n'est pas vraiment terminée : les déclarations d'Aussaresse, les confessions d'ex-bourreaux, les revendications des Harkis en matière de reconnaissance de leur abandon par la France, etc.  Peut-être faudra-t-il la mort de certains protagonistes et l'oubli d'une génération supplémentaire pour qu'on puisse enfin aborder ce type d'évènement sans passion (dont le sens étymologique est "souffrance").

Encore que, quand on parle de la seconde guerre mondiale, l'occupation, la collaboration, etc. on se heurte à ce type de problème.  Certains n'ont pas encore digéré la Révolution française...  Mais ce type de comportement est explosif : les Serbes revendiquaient le Kosovo parce que c'est là que s'est déroulée la "bataille du Champ des Merles", évènement fondateur de la nation Serbe.  On a vu ce que peut donner une mémoire mal maîtrisée ou canalisée avec des intentions belliqueuses par quelques extrêmistes.

Je souhaite un futur plus calme à nos enfants...




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