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Vive l'année Mozart ! (3)
--> La correspondance :

Les éditions Flammarion ont publié la traduction française de l'intégrale de la correspondance de Mozart, éditée en Allemagne par la Fondation internationale Mozarteum de Salzbourg. Dans cette seconde édtion figurent les extraits qui avaient été expurgés dans la première, sans doute pour des raisons de longueurs. Pourtant, certains de ces passages sont très éclairants sur la personnalité des protagonistes ou sur des réalités de la vie des musiciens du XVIIIe siècle.

Le premier tome, de 1756 à 1776 est surtout de la main de Léopold, le père de Wolfgang. Il s'ouvre sur une lettre à un éditeur de Salzbourg à propos du livre l'Ecole du violon que Léopold vient de publier. Elle concerne surtout les aspects techniques de la publication au milieu desquels Léopold mentionne la naissance de Wolfgang comme en passant. Il est vrai que le couple Mozart aura sept enfants dont seul Wolfgang et Nannerl atteindront l'âge adulte.

Les lettres suivantes concernent le premier voyage à Vienne de Léopold, Nannerl et Wolfgang. Les deux enfants s'y produisent dans une série de concerts privés devant la noblesse. Léopold évoque également la première d'une longue série de maladies qui tourmenteront Wolfgang tout au long de sa courte existence. Nos sociétés hypermédicalisées ont oublié que, pour les siècles passés, la santé constitue plutôt l'exception que la règle et qu'une simple rage de dents comme celle qui ravage Léopold au cours de ce voyage représentent un réel fardeau à cette époque sans analgésiques ni antibiotiques. On frémit à la lecture de certaines compositions médicamenteuses et on se dit que le malade a bien du mérite de survivre à la fois au mal et au remède.

Léopold est un épistolier remarquable : ses descriptions de paysages ou ses portraits de personnes sont vivants, alertes et parfois son ironie se fait incisive, en particulier à l'égard des musiciens italiens contre qui il développe une véritable paranoïa. Sa peinture des la mode et des moeurs de cours se fait précise et il se moque des manières dispendieuses des seigneurs français. On sent même poindre une inquiétude quant à leur avenir qui se confirmera vingt ans plus tard sous la forme d'une révolution sanglante. Il préfère Londres l'industrieuse à Paris la frivole.

Et, dans toutes ces pérégrinations, il compte sans cesse, comptabilise les gains et les pertes, se plaint des nobles et du temps qu'ils mettent à distribuer les cadeaux sensés rétribuer les nombreux concerts que donnent ses enfants. On sent, derrière toutes ces computations, la hantise du manque, l'obsession de rentrer dans ses frais.

Et surtout émanent de plusieurs de ces lettres, l'admiration sans bornes, l'émerveillement constant devant le génie de cet enfant qui progresse à pas de géant et qui à huit ans en connaît autant qu'un homme de quarante. Wolfgang dédicace ses sonates et ses concertos à de haut personnages : Madame de Tessé à Paris et à la reine d'Angleterre en personne. Il charme, il éblouit et il attendrit tous ceux qu'il approche. Sa virtuosité d'adulte n'a d'égale que la fraîcheur de son esprit d'enfant.

Dans ce premier tome, Léopold narre aussi les trois voyages en Italie, le succès grandissant de son fils, les cabales de musiciens envieux ou apeurés devant ce talent inconcevable... Les oeuvres s'enchaînent, des symphonies, des sonates et des opéras : Ascanio in Alba, Lucio Silla, La Finta Giardiniera. Tous auront du succès, mais aucun ne vaudra à Wolfgang un poste dans une cour princière... Et c'est le retour à Salzbourg. Le volume se clôt sur une lettre du P. Martini, compositeur et musicologue, à Wolfgang, lettre dans laquelle il félicite le jeune musicien à qui il avait donné, lors de son premier périple italien, des leçons de musique. Il loue ses progrès et l'encourage à travailler sans cesse... Conseil que Mozart a toujours mis en pratique, jusqu'à l'épuisement final...

Pour aller vers l'article Vive l'année Mozart (4) : cliquez ici.

Ecrit par Marco-Bertolini, à 15:35 dans la rubrique "Evènements".

Commentaires :

  ImpasseSud
26-02-06
à 14:19

Bonjour Marco,

Tu as l'air si enthousiaste de ta lecture que je ne sais pas si j'ose venir écrire que, justement parce j'aime beaucoup la musique de Mozart, je ne lirai ni sa correspondance (dont j'ai eu un aperçu dans
Le Nouvel Obs.), ni celle de son père. Tout du moins, pas cette année et pas dans cette circonstance, même si elles ont un certain intérêt historique.
Pour moi, l'art (quel qu'il soit) fait partie du domaine des sens, et j'ai horreur qu'on intervienne sur mes sensations, qu'on les gâche par des détails arrivant du commun des mortels. Par principe, je refuse de savoir ce qu'il y a derrière. Mozart n'est pas devenu célèbre pour sa correspondance ou les récits de celle de son père, mais exclusivement grâce à son génie musical. Et plutôt que de sauter sur le 250ème anniversaire de cette naissance pour publier bruyamment les dessous du phénomène « Mozart », comme on le fait désormais pour tous les spectacles et les hommes de spectacle, leur ôtant ainsi leur côté magique, on ferait mieux d'augmenter les retransmissions des concerts de Salzbourg. Je ne sais pas comment cela se passe en Belgique, mais ici, en Italie, c'est presque comme si cet anniversaire n'existait pas, et, pour ma part, j'en suis désolée.


  Marco-Bertolini
26-02-06
à 22:37

Re:

Je comprends ta position.   Pour ma part, j'aime comprendre ce qu'il y a derrière l'art.  Et chez Mozart, c'est difficile, car sa musique a l'air de couler de source, de prendre vie dans l'éther, dans une réalité supérieure que sa musique nous révèle et à laquelle nous ne pouvons accéder par des moyens habituels.   Pour autant, la légende du divin Mozart est une légende.  C'est un musicien génial, aux dons précoces, avec une mémoire phénoménale, avec une facilité de lecture et d'écriture musicale incomparables.  Soit.   Mais derrière cette façade à laquelle on se complait généralement, il y avait un travailleur infatigable, un esprit curieux de tout, conscient de ce qu'il pouvait apprendre de ses contemporains (les frères Haydn, Schobert, Eckart et bien d'autres) et de ses prédécesseurs (Haendel, Bach).  C'était quelqu'un de profond, qui s'est épuisé à écrire plus de six-cents oeuvres en moins de trente ans...   Il a avoué dans ses lettres avoir souffert pour écrire ses quatuors qui sont des pièces difficiles.   Il a exploré le concerto, l'opéra, la musique religieuse (son réquiem, quoiqu'inachevé) est un chef d'oeuvre absolu.   C'est dans l'espoir de comprendre une partie de cela, de l'homme de chair et de sang derrière le musicien de génie, que je lis cette correspondance.  C'est aussi un témoignage irremplaçable sur la vie au XVIIIe siècle un peu partout en Europe.  Et pour un amateur d'histoire comme moi, tu comprendras que c'est irrésistible.

  ImpasseSud
27-02-06
à 10:19

Re: Re:

Ici, je crois que notre désaccord se base exclusivement sur le domaine des goûts car, rationnellement parlant, moi aussi je suis parfaitement d’accord avec tous tes arguments et je comprends tout à fait que ta passion d’historien-amateur trouve là des informations de première main qui ne peuvent que te réjouir. Mais ne pas vouloir connaître tous les détails de la vie d’un génie de l’art ne signifie pas forcément qu’on veuille ignorer tout le travail qu’il y a derrière son œuvre. Je suis au contraire tout à fait convaincue qu’aucune œuvre d’art grandiose ne prend le jour sans un énorme travail et parfois même beaucoup de souffrance, mais je suis tout aussi convaincue que ce n’est pas à force de travail qu’on peut devenir un « Mozart », même avec un petit talent au départ et un milieu favorable. A mon avis, tout comme Van Gogh, Gaugin, Léonard de Vinci, Beethoven, etc., Mozart, n’avait pas le choix de ne pas être ce qu’il a été. S’ils ont tous travaillé comme des forcenés malgré les adversités, la douleur et la pauvreté, c’est qu’ils ne pouvaient pas faire autrement, dévorés par leurs talents. La précocité de la révélation de ceux de Mozart est indissociable de la situation de son père. Pour moi, c’est quelque chose de tellement implicite que je tiens absolument à laisser les « détails » de côté. Et la sensation que sa musique semble couler de source est loin d’être un leurre, car il était effectivement détenteur d’une « source » que tout le monde ne possède pas. Alors, si on aime la musique, pourquoi faudrait-il se soustraire au charme pur, à l’enchantement spontané ? L’histoire ne peut-elle pas attendre ?

A mon avis et en général, « désacraliser » les génies de l’art est une grave erreur. C’est vouloir les ramener, dans une sorte de jalousie, aux travers et à la condition misérable de tous les êtres humains, à la recherche d'une sorte de rationalisation rassurante. Ce phénomène est assez nouveau. Mais ensuite, pour palier à la fadeur dont on a affublé le « merveilleux » qu’on a sous les yeux, les gens éprouvent le besoin de se jeter sur Harry Potter !!!! (que je n’ai pas lu J)

Fin décembre, j'ai quand même regardé un très beau documentaire italien sur Mozart, mais uniquement parce que je savais que son auteur, Piero Angela, est un excellent pianiste. Et, en effet, sans ignorer les grands contours biographiques indispensables, quelques détails propres à cette époque ou même la légèreté du personnage, ce dernier a su serrer de près le génie musical de Mozart au sein des coutumes musicales de l'époque, sans pour autant lui ôter son côté « fabuleux ». C’était passionnant et accessible à tous.
Dans le cas présent, on comprend que les historiens et le marketing aient sauté sur cette occasion commémorative, mais la focaliser sur l’étalage de cette correspondance, n’est-ce pas un peu trahir le génie du musicien ? C’est un peu ce que j’éprouve, mais je sens que chacun de nous va rester sur ses positions ! :-)))
))




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