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Le mot "esclavage" renvoie dans l'esprit de la plupart des gens à la traite négrière qui a sévi du 15e au 19e siècle.
Pourtant ce phénomène est bien plus ancien et ses tentacules s'étendent, comme ceux d'une pieuvre géante, jusqu'au coeur du 21e siècle et pas seulement dans le tiers-monde.
Ce numéro spécial s'ouvre sur l'esclavage sous les pharaons égyptiens. Même si l'on sait à présent que de nombreux ouvriers qui construisirent les pyramides étaient des travailleurs libres, il n'en demeure pas moins que l'Egypte pratiqua pendant de longs siècles un "esclavage d'Etat". Ces hommes et ses femmes étaient la propriété de l'Etat égyptien et destinés aux gigantesques travaux qui ont suscité l'expression de "travaux pharaoniques"...
La Grèce antique faisait, elle aussi, un usage intensif de la main-d'oeuvre forcée. Si l'on en croit Raymond Descat, un Athénien sur deux était esclave... Il est vrai qu'à l'époque, le travail était loin d'être valorisé comme aujourd'hui et jugé indigne d'un homme libre. La seule activité qui convenait au citoyen de plein droit était la politique.
Dans un long article aussi passionnant que documenté, Olivier Pétré-Grenouilleau nous rappelle qu'au Moyen-Age, l'esclavage dura jusqu'aux début du 15e siècle au moins. Les esclaves d'alors étaient majoritairement Grecs - étrange retour du sort - et Slaves - Slavus - dont le français tire le mot même d'esclave. Il insiste également sur le fait que le servage de paysans n'était pas toujours aisé à distinguer de l'esclavage proprement dit, même si les serfs pouvaient posséder leur propre terre et épouser une personne hors de leur condition.
Dans l'article suivant, le même auteur analyse le rôle prépondérant que les négriers musulmans ont joué dans la traite négrière : ce sont souvent eux qui capturaient les Africains et les revendaient aux Européens les plus offrants.
Philippe Haudrère - par ailleurs auteur d'un livre sur la Compagnie française des Indes - brosse une fresque saisissante de la déportation des quelques 28 millions de noirs réduits en esclavage - soit près de la moitié de la population française actuelle - à bord de navires marchands où ils étaient entassés comme n'importe quelle marchandise.
Si la mortalité moyenne de ces captifs était de 12 %, on peut imaginer quelles catastrophes ont représenté les mutineries ou les épidémies parmi ces êtres encaqués jusqu'à cinq par tonneau (1,44 mètre cube)...
Pap Ndiaye (1) décrit pour sa part dans "les enchaînés du "roi coton"" l'univers contrasté que constituait l'esclavage du Sud des Etats-Unis, , avec ses maîtres haïssables, ses figures marquantes (Frédérick Douglass, esclave fugitif l'auteur d'un des récits les plus poignants sur la fuite des Noirs) et généreuses (Abraham Lincoln, l'un des précurseurs de l'abolitionnisme).
Nelly Schmidt rappelle que si l'abolition a pris place à la fin du 19e siècle dans la plupart des pays d'Europe et des Amériques, il subsiste sous des formes larvées ou insidieuses, telle l'exploitation des enfants, estimée à 250 à 300 millions...
Le dernier article, de Sylvie Brunel - La traite a-t-elle fait le malheur de l'Afrique ? - me paraît être la seule fausse note de l'ensemble : elle dédouane l'Europe et l'Occident en général du sous-développement africain, alors que d'autres ouvrages démontrent (2) que c'est ce même sous-développement qui a contribué à la fortune de l'Europe impérialiste. Même si les Arabes pratiquèrent la traite des Noirs depuis le 7e siècle, cela n'efface en rien les exactions des Européens pendant l'esclavage et la période coloniale...
Le livre noir du colonialisme : ici.
La Vénus hottentote : ici.
L'esclavage aux USA : ici.
(1) Maître de conférence à l'EHESS, il est l'un des co-auteurs du "Livre noir du colonialisme", dirigé par Marc Ferro et dont je donnerai bienôt un compte-rendu sur ce site.
(2) Voir mon compte-rendu sur le livre de Davis, Génocides tropicaux).
Commentaires :
MICHELANGE |
SYLVIE BRUNELj'ai envie de la voir pour lui cracher à la figure car son bouquin est une ignominie,une vraie révolte
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à 16:24